Avez-vous déjà entendu parler de l’effet Mathilda ? Mais si ! Il vient de l’effet Matthieu ! Toujours pas ?
Ok rapidement alors : L’effet Mathieu, du nom de l’évangile selon Matthieu, d’où le sociologue R.K. Merton tire une phrase, lui inspire sa théorie : parfois des découvertes sont attribuées à des grands hommes alors qu’elles viennent d’autres.
C’est l’historienne M. Rossiter qui approfondit cette théorie en précisant que dans les milieux scientifiques, le travail des femmes est souvent attribué à des hommes. Elle nomme ce phénomène, l’effet Matilda, du nom de la féministe Matilda Joslyn Gage qui au XIXe siècle dénonçait déjà l’invisibilisation des femmes dans les sciences.
Tout ceci pour dire que dans notre histoire, Ada Lovelace a subi l’effet Matilda.
Ada est la fille de Lord Byron, le célèbre poète, et d’Annabella Milbanke, une férue de mathématiques. Augusta, Ada Byron naît ainsi en 1815 à Londres. Le couple se sépare pratiquement tout de suite et la jeune mère célibataire a toute latitude pour influencer l’éducation de sa fille. Elle lui donne accès aux sciences, ce qui est rare pour une jeune noble de l’époque.
Elle reçoit alors l’enseignement de tuteurs de renom, et rencontre notamment Charles Babbage qui travaille sur une machine à calculer nommée, Machine à différences, elle n’a alors que 17 ans. Très vite, il devient son mentor et elle participe à ses recherches.
Pendant ce temps, la vie mondaine continue et elle épouse William King qui deviendra comte de Lovelace et avec qui elle aura trois enfants.
Cela n’empêche pas Mme la comtesse de continuer son travail auprès de Babbage qui développe une nouvelle idée de machine. Tous deux tentent de trouver des fonds pour assurer la création du prototype et c’est ainsi que Babbage présente son projet au congrès scientifique de Turin (Italie).
Luigi Menabrea, mathématicien et ingénieur militaire, est fasciné et publie alors en français « notion sur la machine analytique de M. Charles Babbage ».
C’est Ada qui est chargée d’en faire la traduction en anglais sous la supervision de Babbage. Ils y rajoutent des annotations sur leurs avancées augmentant le volume de 2/3. Parmi les annotations, certaines ne sont que d’Ada (signé anonymement AAL) et c’est ce qui vaut cet article sur elle :
L’une des annotations précise l’algorithme nécessaire pour le calcul des nombres de Bernoulli avec la machine à différences. Il est dans un langage qui est réellement applicable sur une machine qui ne sera construite que 100 ans plus tard. Il est considéré comme le premier programme informatique.
Dans ses autres notes, elle compare la machine analytique au métier à tisser qui doit suivre des modèles pré-établis, des codes pour faire des calculs ou former des lettres. Le modèle pour cette machine se présente sous forme de cartes perforées. Le concept de programmation informatique est ainsi esquissé et ses notes se retrouveront dans un livre sur l’informatique numérique en 1953.
Malheureusement, faute de finances, ni Babbage ni Ada ne verront la réalisation de leur travail.
Ada mourra à l’âge de 36 ans d’un cancer de l’utérus.
Les travaux de Turing feront oublier un temps tous les travaux antérieurs. Mais Ada Lovelace est maintenant reconnue comme étant la première programmeuse au monde et en 1979, le département américain de la défense a nommé un langage informatique Ada en son honneur ; il est encore utilisé aujourd’hui par les développeurs.
.
https://u-paris.fr/ada-lovelace/
https://www.nationalgeographic.fr/histoire/portrait-ada-lovelace-premiere-programmeuse-de-lhistoire
https://www.youtube.com/watch?v=InyyT4OiYFY&ab_channel=Biography
.
Image de couverture : Diagram for the computation of Bernoulli numbers from Ada Lovelace, Public domain, via Wikimedia Commons
N’hésitez pas à commenter, ça fait toujours plaisir 😉
0 commentaire