L’histoire de l’ombrelle et du parapluie mêle symboles de pouvoir, innovations techniques et évolutions sociétales. Ces accessoires, aujourd’hui si communs, ont une origine bien plus noble et ancienne qu’on ne pourrait le penser
Histoire de l'ombrelle et du parapluie, des origines sacrées et royales
L’ombrelle, ancêtre du parapluie, trouve ses racines dans l’Égypte ancienne, il y a plus de 4000 ans. À l’époque, cet objet n’était pas un simple accessoire, mais un véritable symbole de pouvoir divin et royal.
En effet, en Égypte, l’ombrelle représentait la déesse Nout, incarnation de la voûte céleste.
Tandis qu’à Babylone, c’était un grand privilège de se trouver dans l’ombre du parasol royal.
Ces objets sacrés étaient fabriqués avec des matériaux précieux comme le papyrus, les plumes de paon ou la soie. Leur usage était strictement réservé à l’élite.
De l'ombrelle au parapluie : une évolution technique
Au fil des siècles, l’ombrelle s’est répandue dans différentes cultures. Chacune y a apporté ses propres innovations.
En Chine, l’ombrelle est construite en papier au 1ᵉʳ siècle après J-C.
Au Japon, le papier est brossé à l’huile de tung pour le rendre imperméable.
C’est finalement au 18ᵉ siècle que l’on voit apparaître les premiers véritables parapluies en Europe. Ça commence d’abord en Italie, puis en France et en Angleterre.
Les matériaux évoluent alors progressivement :
Le taffetas huilé est remplacé par l’alpaga, plus résistant et léger. L’acier trempé remplace le fanon de baleine pour la structure.
Aujourd’hui, le polyester est le matériau le plus utilisé pour la toile.
Un accessoire chargé de superstitions
Dans l’histoire de l’ombrelle et du parapluie, il a aussi longtemps été question de croyances et de superstitions.
Dans certaines cultures orientales, par exemple, ouvrir un parapluie était vu comme un défi lancé aux dieux du soleil.
Au 18ᵉ siècle, la superstition de ne pas ouvrir un parapluie à l’intérieur se répand. Était-elle encouragée par les fabricants pour favoriser l’usure des parapluies ?
Histoire de l'ombrelle et du parapluie, de l'objet de luxe à l'accessoire populaire
C’est enfin au 19ᵉ siècle que le parapluie se démocratise. Il devient ainsi un élément essentiel de la mode féminine.
Son utilisation s’étend à toutes les classes sociales, contribuant même à l’amélioration de la santé publique en protégeant de la pluie et des maladies associées.
L'ombrelle et les paradoxes de la santé
Paradoxalement, l’usage de l’ombrelle n’a pas toujours, quant à lui, été un atout pour la santé. En effet, son usage intensif par les classes aisées a conduit à l’apparition d’une maladie inattendue : le rachitisme.
Considéré alors comme une « maladie de riche », le rachitisme était provoqué, en fait, par un manque de vitamine D dû à une exposition insuffisante au soleil. Les nobles et les aristocrates, étaient en effet soucieux de préserver leur teint pâle, signe de richesse et de statut. Ils utilisaient constamment l’ombrelle, s’exposant ainsi aux risques d’une carence en vitamine D.
Cette situation contrastait avec celle des travailleurs de l’époque, qui passaient leurs journées à l’extérieur et étaient donc moins susceptibles de développer un rachitisme.
Ironiquement, aujourd’hui, la situation s’est inversée. Les classes moins aisées, ayant moins accès aux vacances et aux loisirs extérieurs, tendent à avoir une peau plus pâle. En réaction, le bronzage est devenu un nouveau signe de statut social, symbole de temps libre et de voyages.
Cependant, cette nouvelle mode du bronzage n’est pas sans risque, elle aussi. Cette fois-ci, l’exposition excessive au soleil, recherchée pour obtenir ce teint hâlé, augmente considérablement les risques de cancer de la peau.
Ainsi, l’histoire de l’ombrelle nous enseigne une leçon importante. Les excès, qu’ils soient de protection ou d’exposition, peuvent avoir des conséquences néfastes sur la santé. La sagesse réside donc dans l’équilibre. Le bien-être ne devrait pas être dicté par les modes ou les distinctions sociales, mais par une approche raisonnée de notre santé.
Histoire de l'ombrelle et du parapluie, on n'a pas fini d'en parler
Aujourd’hui, l’ombrelle et le parapluie continuent d’évoluer. Ils intègrent de nouveaux matériaux et designs tout en conservant leur fonction essentielle de protection.
Les parapluies tiennent dans le sac des femmes. Ils se replient à l’envers pour ne pas mouiller la maison et sont fait de nouvelles matières comme le teflon.
Les ombrelles, de leur côté, même en coton ou lin, sont à présent capables de retenir jusqu’à 97,5 % des UV. Elles permettent ainsi de répondre à l’en jeu du réchauffement climatique. Et pour cela, elles peuvent se replier, elles aussi, pour s’adapter à la vie citadine.
La biographie de ces objets, initialement sacré et royal, n’a donc pas fini de nous surprendre. Ils sont devenus des accessoires du quotidien, tout en conservant une part de mystère et d’élégance.
Connaissez-vous d’autres histoires d’excès qui auraient engendré des soucis de santé ? Faisons ensemble une chronique à ce sujet😉.
Pour en savoir plus :
Photo de couverture : Suzuki Harunobu (1725 (?)-1770), Public domain, via Wikimedia Commons
2 commentaires
Piste2mesayeuls · 18 novembre 2024 à 17h20
Quelle histoire intéressante !
Aline Jeanne · 18 novembre 2024 à 18h13
C’est gentil, merci.
Oui cette histoire de rachitisme, je l’ai découvert il y a quelques années. C’est ce qui a motivé mon choix pour cette lettre. Mais l’origine sacrée m’a beaucoup surpris et passionné.