L’histoire des quilles est un jeu ancestral aux multiples variantes. Ce divertissement, qui a su traverser les époques en s’adaptant aux cultures et aux sociétés, témoigne de la créativité ludique des diverses communautés.
Histoire des quilles, des origines lointaines et mystérieuses
Les premières traces du jeu de quilles remontent à l’Antiquité. Des découvertes archéologiques en Égypte ancienne suggèrent l’existence de jeux similaires dès 5200 av. J.-C. Cependant, c’est au Moyen Âge que le jeu de quilles se développe véritablement en Europe.
Au IVe siècle, en Allemagne, une pratique religieuse consistant à renverser des bâtons symbolisant le mal avec des pierres aurait donné naissance au jeu. Cette anecdote, bien que difficile à vérifier, illustre comment les jeux peuvent émerger de pratiques culturelles ou spirituelles.
Évolution et diversification à travers l'Europe
Au fil des siècles, le jeu de quilles s’est répandu à travers l’Europe, chaque région y apportant ses propres règles et traditions. En France, des traces du jeu apparaissent dès le XIVe siècle, comme en témoigne une ordonnance de 1369 interdisant sa pratique, jugée trop distrayante pour les archers du roi.
Les matériaux et les formes des quilles ont évolué, passant du simple bâton de bois à des formes plus élaborées. Le nombre de quilles variait également selon les régions, allant de 3 à 17, avec une prédominance du jeu à 9 quilles.
Du divertissement populaire au sport moderne
Initialement jeu de taverne et de rue, les quilles ont progressivement gagné en popularité, touchant toutes les couches de la société. Au XVIIIe siècle, le jeu connaît son apogée en France, inspirant même des œuvres musicales comme le trio de Mozart.
Finalement, l’évolution vers le bowling moderne s’est faite aux États-Unis au XIXe siècle. Ce serait pour contourner l’interdiction du jeu à 9 quilles, considéré comme un jeu d’argent, qu’une dixième quille fut ajoutée. Il donna ainsi naissance au « tenpin bowling ».
Aujourd’hui, les quilles et le bowling sont des sports à part entière, avec leurs fédérations et compétitions internationales. Ils continuent de rassembler des millions de pratiquants à travers le monde, perpétuant une tradition millénaire de convivialité et de compétition amicale.
L'origine de l'expression "se faire la quille"
L’expression « se faire la quille » trouve son origine dans l’argot militaire du début du XXe siècle. Elle désignait initialement la fin du service militaire obligatoire, moment tant attendu par les conscrits. La « quille » symbolisait la libération, possiblement en référence aux jambes (les « quilles » en argot) qui permettaient de quitter la caserne. Cette expression s’est ensuite étendue pour désigner la fin de toute période contraignante ou désagréable, illustrant comment le langage du jeu peut influencer l’expression populaire.
Les histoires d'un narrateur Mémo-Livre
Je me rappelle, pour ma part, d’une anecdote racontée par un des narrateurs Mémo-Livre. C’est sans doute ce qui m’a inspiré cette lettre Q. Bonne lecture !
« Le matin de bonne heure, le 25 mars 1958, lever, puis
fouille des bagages, pour vérifier s’il n’y avait pas de quilles trop grandes
qui provoquaient des accidents chaque fois. En effet, la quille, symbole de
l’expression « se faire la quille »,
était souvent construite en bois, avant de prendre le bateau. Ainsi, à chaque
fois qu’un paquebot arrivait à Marseille depuis l’Algérie et déchargeait son lot de militaires
libres, des soldats accrochaient leur quille à l’arrière de scooter ou de moto.
En circulant de cette façon dans la ville, la quille ne manquait pas
d’accrocher des piétons au passage, provoquant alors des blessés.
Les gars de ma compagnie avaient fait une quille d’un
mètre trente de long et vingt centimètres de diamètre avec couteaux et limes.
Ils avaient mis un mois et demi pour la faire. Ils avaient eu vent de cette
fouille, et avaient donc fait leur quille en trois morceaux. Cela a permis de
cacher les morceaux lors de la fouille, dans différents sacs ou valises. Une
fois sur le bateau, la quille a été rassemblée en un seul morceau. C’était la
seule quille de grande taille présente sur le navire. Arrivée à Marseille, elle
a été démontée et remise dans les sacs pour la deuxième fouille.
La quille, on avait décidé de l’emmener à Notre-Dame de
Laghet. C’est un petit sanctuaire comme Lourdes. On connaissait le lieu parce
qu’il y avait un champ de tir pas très loin. Donc, nous voilà cinq-six dans une
bagnole. On a demandé au Recteur si on pouvait aller derrière l’autel. Et
derrière, il y avait déjà une trentaine de quilles. On a mis notre quille
derrière et elle y est toujours. »
Si vous aussi, vous avez des anecdotes sur les quilles ou d’autres sujets, venez nous les raconter pour qu’elle profite au plus grand nombre !
Pur en savoir plus sur l’histoire des quilles :
Photo de couverture : Photo de Brad Preece sur Unsplash
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