Avez-vous remarqué combien il est difficile d’être exhaustif dans une généalogie ? Même sur peu de générations, on ne peut pas faire l’ascendance et la descendance en même temps. Sauf si c’est sur l’ordinateur. Et encore, même dans ce cas on ne pourra pas voir les deux orientations sur un même écran sans que cela ne soit tout de suite confus. Je trouve ça frustrant de ne pouvoir voir dans le même temps mes ancêtres et les cousinades.
Mais là où cela devient encore plus frustrant c’est quand on veut y rajouter les adoptions. On doit bien chercher dans les logiciels la case pour ne pas se retrouver pour l’adopté avec tous les ascendants de la famille adoptante…Tout ceci pour dire que rien ne remplace la mémoire des vivants pour ce genre de travail.
Si l’on ajoute à ça la généalogie du cœur, on se retrouve avec des personnes qui ne sont officiellement rien pour nous du point de vue généalogique. Mais qui par le cœur sont bien plus proches de nous que l’oncle Edmond.
Un exemple qui va se perdre dans les abysses de l’histoire avec le temps et les nouveaux modes de vie : les nounous. Autrefois, pour les familles aisées ou pour les familles dont les deux parents travaillaient sans avoir d’aide pour les crèches, ce mode de garde était bien pratique. Une personne proche du domicile souvent recevait l’enfant dès le tout jeune âge et participait grandement à son éducation. Dans les familles de la haute société c’était déjà la nounou qui se chargeait de l’allaitement du nourrisson. Elle s’occupait en plus de son propre enfant, d’où le nom de nourrice et donc de nounou.
Mais que reste-t-il de cette personne dans notre arbre ? Chez les plus aisés, son rapport avec les enfants était parfois plus fusionnel qu’avec la mère. Mais n’ayant pas de titre de noblesse et ne devant pas être présentée en public, elle restait dans l’ombre jusqu’à l’arbre généalogique qui n’en faisait pas mention. Quelle injustice !
Pour ma part, mes deux parents travaillant, j’ai eu deux nounous. La première s’est chargée de ma tendre enfance, mais lors d’un déménagement de mes parents, elle a disparu de mon paysage. La seconde, je m’en souviens bien, nous l’appelions tata Chétrit parce que c’était son nom de famille. Elle était comme une extension de famille. Le matin on me déposait chez elle encore en pyjama et je finissais mes nuits dans un bon lit. Lorsque mes parents rentraient tard, elle me faisait manger.
Malheureusement, notre relation fut interrompue par « le choléra des temps modernes » qu’est la maladie d’Alzheimer. Je me souvenais d’elle et lui rendait visite, mais elle ne se souvenait plus de moi.
Quoi qu’il en soit, je dédie cet article à toutes les nounous de l’Histoire qui n’ont qu’une case possible pour apparaître dans les arbres : parent nourricier. Mais on avouera que si l’on veut associer cette merveilleuse personne à notre famille, pour le coup, le titre est un peu fort si l’on ne veut pas spoiler nos propres parents de ce rôle qu’ils ont tout de même mérité pour la plupart.
Alors à quand la case nourrice ou plus affectueusement NOUNOU ?
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