Pour cette femme, je vais vous parler sport, mais vous verrez qu’au-delà des médailles, elle est d’une incroyable force morale.
Tout d’abord, le contexte ; nous sommes le 23 juin 1940, le lendemain de l’armistice signé par le gouvernement du maréchal Pétain avec l’Allemagne nazie. Les États-Unis ne sont pas encore rentrés dans la bataille, mais les rumeurs circulent.
Pour autant, dans la ville de Clarksville, ce n’est pas ce qui préoccupe le plus la communauté noire au quotidien. Cela fait 75 ans que l’esclavage a été aboli suite à la guerre de Sécession, mais les conditions de vie des anciens esclaves, n’ont pas beaucoup évolué dans les états du sud. Nous sommes au Tennessee où règne comme chez tous ses voisins une ségrégation officielle. Les populations noires vivent dans des ghettos et n’ont pas accès aux mêmes droits, aux mêmes conditions de vie, et vivent dans une grande misère.
La famille de Wilma, entre le père bagagiste et la mère femme de ménage, vit dans une grande précarité avec maintenant leurs 20 enfants (ils en auront 22). Les conditions sanitaires et le manque de connaissances médicales n’aident pas ses familles dans lesquelles les maladies se succèdent parfois.
Wilma n’échappe pas à la pneumonie qu’elle aura deux fois, ni à la scarlatine. Mais surtout, elle contracte la poliomyélite qui à l’époque provoque des déformations, des paralysies, voire la mort. Les médecins sont pessimistes sur la récupération de sa jambe gauche qui est paralysée et lui prédisent une vie en fauteuil. Wilma a 4 ans, le premier hôpital pour noir est à 80 km et il faut y aller pour les soins toutes les semaines.
D’aucuns auraient abandonné, et la petite fille serait restée infirme. Mais quel avenir pour une femme noire en fauteuil dans une ville du sud ? Ça n’est pas la philosophie de cette famille où on se sert les coudes. Maman fait les 160 km toutes les semaines et les massages à faire plusieurs fois par jour seront assurés à tour de rôle par ses frères, à la maison.
À force de bienveillance et de force familiale, la fillette se bat, longtemps, et elle peut enfin lâcher ses attelles métalliques à l’âge de 9 ans. Elle persiste dans ses exercices avec l’aide de sa famille et laisse, à 11 ans, les chaussures orthopédiques, qui avaient pris la relève.
Voici une petite fille toute neuve qui croque la vie et veut marcher et courir pour faire comme ses frères et sœurs. Elle s’inscrit au Basket comme sa sœur aînée, permettant bien des victoires à son équipe, car elle ne reste pas en place sur le terrain. On la surnomme le moustique. Elle est même sélectionnée dans l’équipe de l’État du Tennessee. C’est là qu’elle est repérée par un entraineur d’athlétisme de l’université. C’est Ed Temple qui a pour habitude de former des champions.
Il l’invite d’abord dans un stage d’été, malgré son jeune âge, elle n’a pas 16 ans et il doit faire un passe-droit. Très vite, il l’inscrit dans son équipe sans qu’elle soit à l’université, et un an plus tard, elle participe aux jeux olympiques de Melbourne. À 16 ans, elle remporte avec son équipe la médaille de bronze du relai 4 x 100 m.
À force de persévérance, quatre ans plus tard, en 1960, elle remporte trois médailles d’or aux jeux de Rome pour le 100 m, le 200 m et le 4 x 100 m. elle a tout juste 20 ans et bat même des records du monde. C’est la première femme à remporter autant de médailles. Son modèle, Jesse Owens.
Rentrée chez elle, elle reçoit de nombreux honneurs. L’État du Tennessee veut lui rendre hommage et elle profite de cette demande pour imposer que les noirs soient aussi de la fête, faisant de ce jour un premier pas vers la mixité raciale dans son pays. Elle rencontre avec sa mère le jeune président J.F. Kennedy, à qui elle ne manquera pas de parler de la cause des noirs.
Elle participera encore à quelques compétitions, mais finalement arrête sa carrière à 22 ans. Elle ne souhaite pas risquer d’avoir moins et d’être déçue. Et puis, elle a besoin de travailler pour vivre. Après les jeux olympiques, elle retourne à l’université où elle obtient un diplôme d’institutrice.
Sur le plan personnel, elle a déjà eu une fille en 1958, ce qui ne l’a pas empêché de réussir son ascension sportive, contrairement à ce que croient certains sponsors de nos jours.😉 Elle aura encore 3 enfants de deux pères différents. Après deux divorces, elle élèvera seules ses enfants.
Durant la période qui suit ses prouesses sportives, elle profite surtout de sa notoriété pour participer à l’amélioration des conditions de vie des noirs dans son pays, notamment par l’éducation sportive des femmes noires. Elle crée même une fondation à son nom.
Elle mourra seulement à 54 ans des suites rapides d’une tumeur au cerveau, mais aura ouvert la voie aux femmes noires dans le sport. C’est surtout un grand exemple de courage et de générosité, une femme qui a su se servir de sa souffrance pour faire de grandes choses dans le sport, avant de profiter de cette notoriété pour aider les autres dès qu’elle en a eu l’occasion.
https://olympics.com/fr/infos/wilma-rudolpha-trois-medailles-or-qui-viennent-de-loin
https://histoireparlesfemmes.com/2018/09/10/wilma-rudolph-monument-du-sport/
L’histoire ne retient pas toujours les personnes les plus méritantes ou parfois ne les retient pas pour ce qui est le plus important. Et vos parents, que savez-vous de leurs combats face à l’adversité ? Ne serait-il pas temps de leur poser la question ?
Voici ce que nous pouvons faire pour vous aider.
0 commentaire