C’est aux alentours de 1504 qu’Alexandra Lisowska, fille d’un prêtre orthodoxe, voit le jour dans une région nommée Ruthénie. Cette région appartient au royaume de Pologne et se situe actuellement en Ukraine. Elle y vit des jours heureux probablement, jusqu’au jour où des Tartars entrent dans son village et l’enlèvent. Elle est vendue comme esclave et nous la retrouvons dans le Harem du sultan le plus connu Soliman Le Magnifique. Elle arrive dans la période de sa prise de fonction et l’on pense qu’elle faisait partie des nombreux cadeaux faits au souverain.
Le sultan choisit parmi ses 300 concubines celle qui aura l’honneur de partager sa couche, même si c’est le plus souvent sa mère qui organise la vie du harem, autant dire un hasard de départ. Notre jeune ruthénienne, dont le nom sera interprété par les occidentaux comme Roxelane, est ambitieuse et du haut de ses 15 ans comprend vraisemblablement assez vite les codes de son nouvel habitat. Elle gravit donc les échelons au sein des femmes du harem et obtient l’accès au sultan. Elle est nommée Hürrem, la joyeuse, car toujours d’humeur égale.
À l’époque, il a déjà une favorite qui a eu un fils, le maximum normalement pour une femme du harem. Mais dès que Soliman voit Roxane, il en tombe fou amoureux. Il va alors rompre avec toutes les traditions du harem ; il considère alors Roxelane comme sa concubine exclusive. Elle lui donne un premier fils seulement 1 an après son accession au trône, mais elle aura encore cinq enfants de lui, soient quatre fils et deux filles. Dès 1530, elle quitte le harem et va rejoindre le nouveau palais, près de Soliman, et ne le quittera plus, alors qu’il était de coutume qu’une concubine suive son fils une fois qu’il est majeur pour une province dont on lui donne la gestion. En 1534, elle arrive même à se faire affranchir et se convertit à l’islam. Libre et musulmane, elle fait alors valoir qu’elle ne peut partager la couche d’un homme sans être mariée, et il s’exécute.
En 14 ans, elle a donc quitté son statut d’esclave au sein d’un harem pour devenir la femme du sultan (rôle habituellement réservé pour des accords politiques avec les pays voisins). Elle devient « Haseki Sultan », c’est-à-dire sultane consort, un titre créé spécialement pour elle.
Ce titre montre combien son influence devient importante auprès de son époux. Le pouvoir est alors une affaire du couple ; elle accompagne son mari dans ses tournées et entretient une importante correspondance avec les diplomates étrangers. Elle s’arrange pour discréditer l’ami le plus fidèle de Soliman en la personne du grand vizir Ibrahim Pacha, qui sera finalement exécuté en 1536. Elle marie sa fille à un dignitaire croate qui s’est convertie et qu’elle va hisser au statut de Premier ministre pour redresser l’économie du pays.
Par ailleurs, elle joue aussi un grand rôle de mécénat avec le soutien de son mari féru d’art. Elle fait construire de nombreuses mosquées, des écoles coraniques, mais aussi des bains et un hôpital pour femmes. Entre Jérusalem et la Mecque, elle fait construire des « imarets » lieux d’accueil pour les pèlerins qui peut nourrir jusqu’à mille personnes par jour.
Enfin, sachant que la tradition veut que l’héritier du trône tue tous les autres descendants lors de son accession au pouvoir pour éviter toute fragilisation, la sultane va convaincre son mari d’un complot fomenté par son fils aîné. En effet, il s’agit du seul enfant survivant de la première concubine, Mustafa. Son père finira par se laisser convaincre par peur que son fils suive l’exemple de son grand-père, le père de Soliman, qui avait ainsi éliminé son père pour prendre le pouvoir. Soliman fera donc tuer Mustafa.
Après une vie bien remplie, la sultane Hürrem s’éteint à 60 ans, en 1558, d’une pleurésie.
Son mari, éploré, la fait enterrer dans un somptueux mausolée dans l’enceinte de sa nouvelle mosquée.
Il reste alors deux fils de leur mariage qui commence à se disputer les faveurs de leur père. C’est Sélim, le troisième enfant du couple qui aura la préférence et deviendra son successeur sous le nom de Sélim II. Il sera surnommé « l’ivrogne », malgré encore de belles réalisations qui marqueront l’apogée de l’empire avant son déclin.
Son frère Bayezid, le quatrième enfant de la fratrie, sera quant à lui tué avec ses enfants sur ordre de Soliman.
Soliman meurt en 1566 et est enterré auprès de sa bien-aimée dans un mausolée à côté de celui de Roxelane. L’empire Ottoman est alors l’une des puissances les plus avancées au monde, et comme dit l’adage, « derrière chaque grand homme se cache une grande femme »…
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https://histoireparlesfemmes.com/2017/07/10/la-sultane-hurrem-femme-dinfluence/
https://www.herodote.net/Favorite_du_sultan-synthese-662.php
https://fr.wikipedia.org/wiki/Roxelane
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Image de couverture : Turkish and Islamic Arts Museum, Public domain, via Wikimedia Commons
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