Stella est née en 1982 dans une ville de l’État fédéré australien Victoria. Atteinte de la maladie des « os de verre », elle grandit de façon très ordinaire dans sa famille. Elle commence l’utilisation d’un fauteuil roulant dès l’âge de 3 ans.
C’est à 14 ans que cette particularité occasionne un fait plus exceptionnel quand elle s’empare du sujet de la mobilité dans sa ville et provoque un audit sur l’accessibilité dans la rue principale.
À 17 ans, elle part faire des études de journalisme et relations publics à l’université Deakin avant de partir pour Melbourne afin d’obtenir un diplôme d’études supérieures en éducation.
En 2003, elle participe à la création d’une émission, « no limits » sur la chaine de télévision communautaire channel 31. Le programme animé par des personnes porteuses de handicap aborde tous les sujets, des plus simples aux plus controversés, sans complaisance. Il s’agit du premier programme australien sur la culture du handicap, exprimant leurs difficultés, mais aussi favorisant l’expression d’une identité :
https://ctvplus.org.au/series/no-limits-tv/
En parallèle, Stella peine à trouver un emploi dans l’enseignement malgré de bonnes qualifications et s’oriente donc momentanément, selon elle, dans le champ du handicap avec un poste chez Art Access Victoria en 2005. Elle travaille également au musée de Melbourne dans un programme public permettant de présenter les dinosaures et autres bizarreries aux enfants.
Dans le même temps, elle s’essaye au stand-up et finit deux fois finaliste d’Etat au Raw Comedy du Melbourne International Comedy Festival.
C’est en 2010 que le monde du handicap va refaire appelle à elle. L’État australien veut créer le régime national d’assurance invalidité (NDIS), et souhaite d’abord mettre en place une consultation en accordant un financement au diffuseur public ABC. Ils créent une plateforme en ligne axée sur le handicap, « Ramp Up », animé par Stella comme rédactrice.
L’aventure dure 3 ans et demi et permet une expression libre des personnes en situation de handicap. Mais lors de la création du NDIS en 2013, le financement public n’est pas reconduit et le travail de Stella s’arrête. Le site reste pourtant ouvert comme un fond documentaire : https://www.abc.net.au/rampup/?content=about
En 2012, elle s’est fiancée, mais finalement cela n’a pas abouti à une idylle. Mais a-t-elle vraiment le temps ? En effet, à la fin de son contrat pour Ramp Up elle prépare un spectacle « les contes de l’infirme » pour le festival international de Melbourne. Elle y dénonce son quotidien avec le handicap en définissant ce qui la gêne vraiment : les autres ; avec leurs comportements de gène, leurs questions sur l’intime, leur condescendance sous prétexte de compassion…
Elle tente non pas de changer la société avec ce simple spectacle, mais au moins d’éveiller des consciences. Mais pour enfoncer le clou, elle s’engage aussi politiquement en tant que membre de différentes instances :
- les conseils d’administration du Conseil consultatif ministériel du Département des communautés de Victoria,
- le Conseil consultatif des personnes handicapées de Victoria,
- le Service de défense des jeunes handicapés et des Femmes handicapées de Victoria.
Elle participe enfin à la plateforme TED, en créant une formation de neuf minutes basée sur son show. Elle explique qu’une personne handicapée n’est pas exceptionnelle parce qu’elle sort de son lit. Elle prouve que son handicap est créé par l’environnement inadapté plus que par ses incapacités. Enfin, elle démontre que voir la personne infirme comme inspirante ne changera pas cet environnement, donc ne l’aidera pas, mais de surcroit place la personne qui pense ça en posture de supériorité. En gros, le message que véhiculent ces gens, c’est « pourquoi se plaindre de sa vie quand d’autres ont le courage de se lever avec un handicap. »
Cette année 2014 est aussi l’occasion d’un voyage aux États-Unis pour des rencontres nombreuses avec des activistes pour la « communauté handicapée ». Elle aura vu Stella se transcender pour ce sujet sociétal qui lui tient à cœur. Mais ce fut peut-être l’année de trop pour ses limites corporelles. Elle meurt le 6 décembre d’un présumé anévrisme, à l’âge de 32 ans.
Oui, le handicap n’a pas fait d’elle une personne exceptionnelle. Mais son engagement durant ses courtes années de vie force le respect. Chapeau bas Madame !
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https://fr.wikipedia.org/wiki/Stella_Young
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Image de couverture : Stella Young avec Jenny Macklin – Australian Human Rights Commission from Sydney, Australia,
CC BY 2.0 <https://creativecommons.org/licenses/by/2.0>, via Wikimedia
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