14 rue Charles V Paris — 06 65 32 42 24

J’ai rencontré Natacha Il y a deux mois pour débuter son Mémo-Livre. C’est une femme posée, mais qui sait ce qu’elle veut. Dès notre deuxième rencontre elle me parle de ses parents et de la souffrance dont elle est l’héritière. J’ai une pensée émue pour elle et tous ses semblables, quand aujourd’hui je vois que l’histoire se répète.

Je vous livre ici quelques-uns de ses mots sur l’Ukraine de sa mère (entretien du 12 janvier 2022) : 

L'histoire se répète

Ma mère était Ukrénienne et mon père Polonais. Eux deux étaient immigrés. Tout d’un coup tout s’écroule et vous devenez français.

C’est comme si on vous retirait votre nature profonde et que l’on vous greffait quelque chose de différent.

Mais cette greffe, elle ne prendra jamais. Elle prend pour être en société, mais sinon ça ne prend pas. On a l’âme slave, et parler de nos ancêtres, c’est les faire revivre à travers nous et surtout reconnaître leur sacrifice et leur souffrance.

Parce que l’Ukraine a été envahie par les Russes à plusieurs reprises. Avant la seconde guerre mondiale, Staline a même provoqué la famine. Le peuple a été complètement exterminé. C’était un génocide et toute ma famille a été disséminée partout. 

Toute l’histoire de ma famille je ne la connais pas. Je la connais à travers tous les récits que j’ai lus sur la famine et tout ce qui s’est passé durant le génocide. Je sais que c’était atroce, puisque les Russes retiraient toutes les terres aux Ukrainiens et ils affamaient les populations.

Ils étaient arrivés à un tel stade de famine, qu’ils se mangeaient entre eux !

Vous voyez d’où je viens !

Mais ça on n’en parle pas, parce qu’on ne parlait que d’Hitler et Staline il est passé dans l’ombre. Mais il a fait beaucoup plus de dégâts qu’Hitler… (8 millions de morts en Ukraine et dans d’autres régions de l’URSS entre 1932-1933 lors de cette famine.)

Et à travers tous les récits que j’ai lus en témoignage direct, de lettres d’Ukrainiens, j’ai pu reconstituer ce que j’imagine de l’histoire de ma grand-mère et de ma mère, qui est morte quand j’étais jeune.

C’est plus que monstrueux. Je n’ai pas de mot à vous mettre pour qualifier l’horreur humaine.

Après cela, pendant la guerre, les Allemands sont venus envahir l’Ukraine. Les Ukrainiens pensaient qu’ils allaient être délivrés, mais en fait on venait une fois encore les envahir. et même encore maintenant les Russes veulent encore envahir les Ukrainiens…

L’histoire se répète. À chaque fois, on doit retirer nos racines, notre histoire, et ce sont des prédateurs qui veulent nous détruire.

Recherche de racines

Ma mère a donc été déportée par les Allemands, pendant la guerre, comme beaucoup d’autres.

Elle n’existait pas. Et quand j’ai tenté de retrouver son histoire en Ukraine, les archives avaient été brulées.

Elle s’est apparemment retrouvée dans un camp en Allemagne parce qu’elle était ukrainienne et qu’ils déplaçaient les peuples dont ils récupéraient le territoire, quand ils ne les tuaient pas sur place…

Après la guerre, les camps de prisonniers en Allemagne ont été libérés beaucoup plus tard après la libération. Quand ils ont été libérés, on leur a demandé où ils voulaient aller. Mais l’Ukraine était toujours intégrée dans l’URSS et Staline considérait tous les prisonniers comme des espions et ils étaient tués à leur arrivée. C’est comme ça que ma mère est arrivée en France.

Quand les immigrés sont venus des camps, ils sont venus avec des wagons entiers. Ils étaient comme des troupeaux. On leur demandait à peine leurs identités. Ils étaient hagards, sans rien, déshumanisés. On les déposait dans un endroit où la France avait besoin de main-d’œuvre pour travailler.

Une autre philosophie de la vie

Finalement avec toutes ces invasions, les Ukrainiens sont un peuple nomade. On n’est pas dans le matérialisme. Parce que dès que l’on se rattache au matériel, on est dans la souffrance. Il y a une résilience, comme pour les Polonais qui ont été envahis en trois mois et personne n’a rien dit. Eh bien les Ukrainiens c’est pareil, ils ont été exterminés et personne n’a rien dit et rien fait.

Quand les gens viennent se plaindre pour les problèmes du quotidien, moi je ne comprends pas. 

Vous lisez tout ça, vous vous rendez compte que vous êtes dans les profondeurs de l’enfer. Et il y a une telle bonté, une telle humilité et gentillesse… Il y a quelque chose de saisissant dans ce peuple que vous ne voyez pas chez les autres, que j’ai découvert lors de ma visite là-bas.

Et c’est pour ça que quand il se passe des choses dans des lieux rattachés à mon histoire, je suis très sensible. 

L’humain est pour moi comme du sacré.

Si vous aussi votre histoire à des richesses à préserver, contactez-moi !!!


0 commentaire

Laisser un commentaire

Emplacement de l’avatar

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *