Mais les ordonnances et les cuisiniers sont dans la maison qui juxtapose la nôtre et qui donne sur la cour devant la maison.
Les relations sont alors plutôt bonnes : c’étaient des soldats plus âgés, qui étaient là parce qu’ils y étaient obligés, mais pas du tout « va-t-en-guerre ». D’ailleurs, il y en a un qui était totalement contre la guerre et un autre, plus jeune, qui venait montrer à notre mère la photo de ses parents. Et un autre, encore, montrait les photos de sa femme. Enfin, tous plus ou moins désolés d’être là. Ils seront relevés, remplacés…. Ça a duré plusieurs années…
C’est dans cette période que ma petite sœur tombe dans l’escalier de pierre dehors, devant chez nous. Elle est emmenée à l’hôpital de Juvisy, qui est une antenne de la Croix-Rouge. Et les relations sont tellement bonnes dans ce voisinage que lorsqu’elle revient le bras plâtré un Allemand descend devant chez eux pour offrir une orange « pour le bébé ».
Ma sœur aînée, de son côté, a constaté qu’un Allemand surveille les discussions que tiennent les quatre filles dans la cour. Un dictionnaire à la main, il essaie de comprendre des mots français. Elle décide donc avec mon autre sœur d’inventer de nouveaux mots, que, bien sûr, l’Allemand ne peut pas comprendre, et ça les fait bien rire.
Une autre fois, un des Allemands se fait même recoudre un bouton par notre mère.
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