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Mémo-Livre c’est une volonté de préserver le savoir des seniors et de le transmettre. Pour cela, j’interroge votre mémoire et je vous aide à en faire un livre.

Pendant la création de son livre, Claire nous parle de la guerre, elle avait 2 ans quand elle éclate et 3 ans au moment de l’exode.

Un aller-retour

    De cette période de la Seconde Guerre mondiale, je me souviens  d’une vie très particulière, à part. Les Allemands arrivaient et la région d’Île-de-France devait être évacuée.

Le message passe vite dans la population et tout le monde s’organise. Il faut donc que toute la famille parte à pied. Moi, dans ma poussette,
Madeleine dans son landau, les deux « grandes » doivent  marcher à côté
et porter leurs masques à gaz à la main. Ils sont trop lourds et trop grands
pour leurs mains d’enfants.

On est en juin 1940. Comme nous sommes partis dans les derniers et avons mis du temps à le faire, les Allemands sont déjà au niveau de la Loire et ont bloqué les ponts avant même que nous ne les atteignions. Arrivées là, les troupes allemandes refoulent la population et organisent  son  retour. Ils mobilisent des trains et font monter les gens à bord en fonction de leurs destinations. La famille, comprenant quatre enfants, fait heureusement partie des personnes prioritaires.

Le train arrive vers Brétigny-sur-Orge. Et c’est donc encore à pied qu’il faut rentrer à Savigny.

Le voyage aura été d’environ deux semaines à l’aller et d’une journée pour le retour.

Certains voisins ont été un peu pillés, mais nous n’avions pas grand-chose, notre installation datant d’à peine un an au début de la guerre. Nous avons donc pu nous réinstaller dans un logement indemne.

Des mauvais souvenirs

Restera de cette période un cauchemar récurrent pour moi, lors de mes jours de fièvre dans les années qui suivront. Je reverrai toujours les chevaux morts sur le bord de la route sous des arbres. Cette image m’était restée plus que la vue des personnes mortes.

Ils s’étaient trouvés abandonnés comme ça en plein mois de juin. Plus tard, on me racontera qu’à ce tableau devait être ajoutée la puanteur, car il faisait très chaud.

Quant à Geneviève, il lui reste un fond de colère, souvenir que sa mère l’ait poussée dans un fossé plein d’orties. L’aviation italienne, en effet, mitraillait en piqué les colonnes de réfugiés sur la route de l’exode. Mais, du haut de ses douze ans, l’impérieux souci de survie qui avait poussé sa mère à cet acte pour échapper à une fusillade aérienne ne lui apparaît pas comme d’une évidence immédiate.

Ma mère, elle, racontera plus tard le souvenir de l’annonce de l’arrivée des Allemands qui avait rendu fou un pauvre soldat noir, côté français. Il savait que les Allemands détestaient les soldats noirs, qu’ils considéraient comme une honte puisque étant des « sous-hommes » embauchés pour des postes où, selon eux, il ne pouvait y avoir que des hommes d’honneur. Ils étaient donc très maltraités, voire tués. Et ce soldat ne voulait pas lâcher son fusil et faisait de grands moulinets avec. Il avait fallu papa et plusieurs hommes pour arriver à le raisonner.

Malheureusement, il sera abattu devant nous par les soldats allemands.

Après notre retour, la vie reprend malgré tout, avec toutes les contraintes de la guerre. 


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