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Je vous avais promis dans ce challengeAZ d’éviter les femmes de…, filles de… afin de valoriser des femmes indépendantes et fortes. Mais on sait combien être dans l’ombre de quelqu’un est difficile, mais pas forcément signe de manque de talent personnel. 

Je me permets donc de vous parler d’une fille de… qui a non seulement été reconnu pour son talent personnel, mais a aussi participé à la notoriété de son père, sans que l’on puisse réellement délimiter la valeur de sa participation à l’œuvre à quatre mains.

Il s’agit d’une des filles d’Hokusaï Katsushika, L’auteur de la vague de Kanagawa, de la célèbre période picturale d’Edo. Elle est née aux alentours de 1800. Elle était l’aînée de la deuxième femme de l’artiste. Il avait l’habitude de mettre à contribution tous ses enfants pour l’aider dans son atelier. Mais Eijo est la plus douée et la plus impliquée, à tel point que son mariage avec un artiste qu’elle considérait médiocre n’y survivra pas. Elle divorce très vite pour retourner à sa vraie vie, le travail auprès de son père. Elle l’aide pour certaines parties du dessin, mais elle maitrise aussi les couleurs qu’elle sait manipuler avec talent.

Ainsi, petit à petit s’instaure un travail à quatre mains que les experts ont du mal à différencier. Le père reconnait même à sa fille des talents sur les visages féminins que lui ne maitrise pas « Le bijin-ga que je peins moi-même ne correspond pas à celui d’O-Ei. » (bijin-ga : peinture de belles personnes)

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https://collections.mfa.org/objects/26487/three-women-playing-musical-instruments

Revenons un instant sur le nom d’O-Ei dont il est fait mention dans cette citation et dans mon titre, alors que je nomme notre jeune femme Eijo plus haut. Le peintre Hokusaï tout au long de sa vie n’a cessé de changer de prénom en fonction des périodes de sa vie. Ainsi, après 60 ans, il a choisi de se nommer Iitsu, ce qui signifie « âgé de nouveau d’un an » marquant pour lui notamment, le renouveau de son art. Eijo, qui travaille avec lui, choisit, elle aussi, de changer de nom, et se nomme alors O-Ei, qui veut dire « fidèle à Iitsu ». Petit clin d’œil à l’attachement qu’elle lui porte.

C’est peu de temps après que le maitre est atteint par plusieurs crises de paralysies issues d’avc plus ou moins importants, qui le gêneront jusqu’à la fin de sa vie. Mais comment l’atelier reste-t-il à flot ? Comment sont assurées les commandes ? Une chose est sûre, la participation d’O-Ei au travail de son père devient indispensable, au moins pour la réalisation pratique de son génie.

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Représentation de Oi et son père Hokusaï . National Diet Library, Public domain, via Wikimedia Commons

C’est vers 1830, et c’est à cette période qu’il réalise ses œuvres les plus célèbres, utilisant des visions novatrices et des techniques nouvelles.

Personnes ne sauraient dire l’influence et la part que O-Ei a eues sur ce travail. On sait juste qu’elle prend petit à petit la tête de l’école.

Une fois Hokusaï décédé à l’âge de 89 ans, en 1849, son école est fermée et sa fille disparait. Elle voyage et on estime son décès vers 1866.

On dit qu’elle avait l’ambition de devenir xian, être céleste, sage et immortel…

Elle laisse 12 œuvres connues à son nom, mais nous pouvons raisonnablement penser qu’elle a contribué à bon nombre des 30 000 œuvres de son père, surtout à partir de 1830.

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Katsushika Ōi, Public domain, via Wikimedia Commons

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Catégories : Challenge AZ

2 commentaires

Béatrice · 17 novembre 2023 à 9h38

Un billet très instructif et bien dépaysant 🤗

    Aline Jeanne · 17 novembre 2023 à 9h57

    Oui, j’ai beaucoup aimé cette histoire, même si j’ai bien aimé toutes les femmes de ce challenge. Merci pour commentaire.

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