Simone Veil l’aube à Birkenau
Un retour en suspend.
Nous ne connaissons que trop bien la valeur de Simone Veil, à qui la Nation a rendu un hommage vibrant lors de son accueil au Panthéon avec son mari. Sa vie est merveilleusement bien décrite dans son livre « Une vie ».
Elle nous décrit sa jeunesse insouciante jusqu’au bord de la Méditerrannée. On sent sa lucidité exacerbée à l’arrivée des Allemands, lors de l’occupation, dont elle semblait être la seule à voir le danger. On découvre son retour et la carrière qu’elle construit avec son mari à ses côtés. Elle nous parle de ses combats pour la modernisation des prisons, et l’avortement.
Ce livre dépeint une femme d’exception telle que les médias nous la dépeignent, fidèle à l’image que l’on a d’elle. On sent la femme de conviction, la combative qui tient malgré les coups du sort. Mais moi je suis souvent plus sensible à l’être humain que l’on peut rencontrer derrière les actes. Celui qui souffre et doit prendre des décisions difficiles, celui qui hésite avec ses failles.
Pour Mme Simone Veil, j’ai pu découvrir l’humain derrière le personnage public en lisant un autre livre la concernant : « Simone Veil l’aube à Birkenau ».
C’est un livre issu d’entretiens que le réalisateur et ami David Teboul a écrit avec l’aide de Simone Veil, mais aussi de ses proches. Il était persuadé que « derrière son chignon, il y avait beaucoup de souffrance. »
Comme son nom l’indique cela parle de son passage au camp d’Auschwitz-Birkenau. Elle en avait déjà parlé dans son livre, mais lui veut comprendre ce qui au-delà de cette période, le passage par ce camp a changé dans sa vie.
Il l’interroge sur un format intimiste, mais aussi, il provoque des rencontres avec ses amis ou sa sœur pour un regard croisé sur leurs moments communs.
Elle se livre sans faux-semblant, on assiste à des discussions entre elle et ses amis comme le ferait une petite souris qui se faufilerait dans la pièce.
On découvre la femme brisée par son passage dans le camp de la mort. Une sœur anéantie par la disparition prématurée de son autre soi.
On se rend compte que revenir des camps n’était pas vécu pareil en tant que juif ou résistant. On comprend la complexité de revenir dans le monde des vivants quand ils vous empêchent de témoigner de votre guerre.
Ce sont des multitudes de petits bouts de miroir qui nous montrent des facettes différentes de la grande dame. Pour une fois, on voit plusieurs faces du rubik’s cube.
C’est un superbe hommage qui a été rendu par celui qui est devenu son ami.
Une rencontre digne d’une grande réalisation où l’œil du professionnel nous permet de voir derrière le masque.
Si vous voulez un peu mieux connaître cette femme atypique faite le détour par ce reflet-là.
Si vous aussi, vous souhaitez avoir une biographie de votre histoire, rendez-vous ici.
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