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Tout au long de l’année, je récolte les mémoires de personnes qui souhaitent faire leur livre autobiographique. J’en profite parfois pour prendre des témoignages de vie sur des sujets qui nous concernent tous. 

Soit ce sont des thèmes non personnels, soit je modifie les noms et lieux et ne conserve que les éléments les moins personnels.

Voici des tranches de vie sur Noël.

Muriel : les cadeaux de la cousine

À Noël, Je sais qu’une année, j’ai eu une lampe de chevet, et sinon on n’avait presque rien à Noël. Mes jouets me venaient de la tante d’Albi, la tante Elise qui avait des enfants plus âgés que nous Ils leur achetaient beaucoup de jouets. Alors, on récupérait les jouets de nos cousins.

Madeleine : la voiture à pédales

Je me souviens particulièrement d’une fois, juste avant la guerre, un peu avant Noël : nous avions eu des cadeaux par nos grands-parents. Nous, les filles, avions reçu des poupées et mon frère Jean une auto à pédales, assez lourde. C’était mon grand-père qui l’avait trouvée, avec l’aide d’Alexandre, un jour qu’ils étaient allés récupérer un chariot plein de meubles peu de temps auparavant. Ils étaient alors tombés sur cette fameuse voiture à pédales au milieu du reste.

J’étais fascinée par ce cadeau et je l’empruntais parfois. Jean rouspétait alors et criait « elle m’a volé mon auto ! ». Nos parents tranchaient alors en me rappelant que c’était l’auto de mon frère et pas la mienne et que je devais la lui laisser. Jean avait deux ans à l’époque et je trouvais que la voiture était bien trop lourde pour lui, il avait d’ailleurs du mal à la manier et moi pas. J’avoue que j’étais très déçue. … Et un beau jour, cousin Paul est arrivé avec une autre auto à pédales, beaucoup plus simple d’utilisation. Il l’avait offert pour tous les enfants, car c’était un modèle adapté à tous les âges. Je me suis donc servie de celle-ci et Jean l’utilisait aussi, elle était plus adaptée à son âge que la sienne, finalement.

Jean-Claude : un bébé

Marise est née en 1937, le jour de Noël. Elle nous a été présentée comme un cadeau, car elle avait été déposée sous le sapin dans son berceau pour nous faire une surprise. Nous étions tous très contents. Personne n’a jamais été jaloux des derniers et là, en plus, c’était vraiment comme un cadeau de Noël. 

Michèle : pour la gourmandise

J’ai très peu de souvenirs de mon oncle Jacques. Il avait des frères dont un qui avait fait fortune dans les dattes. Il les importait d’Afrique pour les transformer en confiserie dans son usine de Marseille. Il s’était associé avec un ami. L’entreprise s’appelait JL : le J pour lui et le L pour son ami. Je m’en souviens très bien, car à Noël nous recevions une cagette de cinq kilos de dattes et comme j’étais gourmande…

Colette : des décès

  1. Arrive Noël de l’année 1901, et même si on n’a pas le sou on s’habille au mieux pour aller au bourg pour la messe. La nuit de Noël, une forte tempête rend difficile la progression des petites gens vers l’église, mais on y va tout de même, car c’est un moment important pour la communauté et pour Dieu. C’est après les fêtes que mon grand-père s’est senti mal. Il avait fait une mauvaise chute un mois avant et avait toujours mal, mais il fallait bosser si on voulait manger et la médecine ça n’était pas comme maintenant. Il est mort en trois jours, le médecin n’a rien pu faire. Il était trop tard.
  2. Pour Noël 1922, Juliette arrive à se libérer et vient passer quelques jours chez ses parents. Elle fête Noël avec sa petite et repart travailler à Paris. Madeleine vient d’avoir 10 ans et tombe malade. Très vite le diagnostic est posé, c’est une méningite, maladie courante dans la famille de son géniteur. Elle ne peut pas être sauvée et meurt le 19 janvier 1923.

Lucette : Noël après-guerre

C’est le premier Noël à trois en 1948, mais les tickets de rationnement qui vont bientôt disparaître sont encore en fonction et il n’y aura rien de particulier à part la messe.

Colette : le pacifiste

À Noël 1955, le grand-père n’est plus avec eux. La famille est installée dans la maison qu’il n’aura pas eu le temps de connaître et les enfants découvrent leurs cadeaux. Pierre reçoit des soldats de plomb. Mais à peine les a-t-il déballés qu’on retrouve tous les fusils cassés. Et lorsqu’on lui demande pourquoi, il répond que c’est pour qu’ils ne se fassent pas mal. Pour lui ce sont des soldats qui ne se battent pas. Sa marraine comme les autres rient bien de cette histoire. 

Michel : "à bicyclette ! "

À Noël 1958, la famille a bien grandi et le père Noël a remarqué que la famille ne pouvait plus trop se promener en vélo, car la carriole ne suffit plus à transporter tout le monde. Alors les deux grandes reçoivent des vélos rien que pour elles !  Ils sont vite inaugurés et elles n’en finissent plus de faire le tour du quartier avec. On pourra de nouveau se promener, Les deux grandes seront sur leurs vélos. Les deux garçons seront à l’arrière de papa et maman et les deux bébés, dans la carriole derrière le vélo de papa. Mais on ne fera ça que dans les beaux jours.

Marie : les cadeaux de la patrone

C’est lors d’une visite de Mme D qui travaillait avec la tante Félicité qu’une discussion surréaliste va rester dans la mémoire de Marie.

« Elle m’dit “Mme R. a jamais compris pourquoi ses neveux à Mme Félicité ils avaient jamais remercié des cadeaux de Noël.” J’dis “quels cadeaux ?” elle dit “ben tous les ans Mme Félicité elle d’mandait des cadeaux pour ses p’tits n’veux !” j’ai dis « Ben j’ai jamais vu d’cadeaux moi !” »

« Elle allait montrer un baigneur – j’me rappelle une fois, elle avait une poupée – elle l’a montré à Claudine, elle l’a montré à Marguerite. Elles l’ont jamais r’vue ! Puis elle les donnait à quelqu’un d’autre. Elle était comme ça ! »

« J’me rappelle quand qu’Annie était tout’ petite, un jour è vient et pis è m’montre qu’elle avait trouvé un beau p’tit tablier. C’était un joli p’tit tablier jaune. C’était beau c’p’tit tablier !! Pour un bébé quoi ! J’étais contente, elle va y avoir ram’né un beau p’tit tablier. Dans l’intervalle y vient son maçon qu’avait un fils qu’avait eu une petite fille. Y r’vient d’par là.

 Y fait “ah ben dit Mme Félicité elle nous a gâté !” il dit “elle a apporté ça pour eul petit !” C’était mon tablier ! (rire) »

En final, les cadeaux de Noël que Mme R. donnait à Félicité n’iront jamais dans la famille de sa nièce Marie, qui n’aura en effet jamais remercié…

Huguette : une soirée à part

Pour Noël, il n’y a pas de repas particulier, mais si on est assez grand pour attendre la messe de minuit, on peut voir maman préparer des oreillettes. Elle mélange de l’eau avec de la farine et étale la pâte ainsi faite pour qu’elle soit bien fine. Et puis, elle la fait frire avant de la saupoudrer de sucre… C’est bon !

Et puis, un peu avant minuit, on va à la messe avec les voisins.

On se couche tard et, le lendemain matin, on va voir au pied de la cheminée, dans les chaussures, les cadeaux que l’on a reçus. Il y a des pièces en chocolat entourées d’un beau papier d’aluminium !

Lucienne : Noël ne sera plus jamais pareil

C’est lors des vacances du Noël 1978, que la famille a vécu son plus grand cataclysme : Marc le fils aîné de Louis, heureux de ses cadeaux, était allé passer un moment chez un copain, pour se montrer leurs cadeaux respectifs. Il était en vélomoteur.

« Le 27 décembre, il était allé montrer à un copain, ce qu’on lui avait offert.

Il rentrait à la maison en vélomoteur. Et un camion était stationné sur la piste où il aurait dû… Il est allé se placarder contre le camion. Pouf, il est tombé. Et comme c’était la nuit, les gens lui sont passés dessus. Enfin, il est mort. Il venait d’avoir 18 ans.

J’ai été avertie dans la nuit. On a passé une nuit affreuse ! Je sais que comme les parents étaient dans tous leurs états, on a reçu sa sœur. Qui l’a amené ici ? Je sais pas… On l’a hébergée une journée entière, elle était comme un zombie (elle avait 13 ans). On l’a entourée, on savait pas que faire…Nous, on était tous choqué !

Je sais qu’on avait mis des décorations de Noël, je revois encore toutes ces décorations…

Enfin quelqu’un est venu nous la chercher. De la famille, je sais pas qui…

Et après, l’enterrement a été fait trois-quatre jours après. Il était à la morgue, mais je sais que moi, personnellement, je suis pas allé le voir.

On a été à l’enterrement, bien évidemment. Et comme il avait eu son bac, tous les gamins, ses compatriotes du lycée, on les a avertis. Et ils étaient à l’enterrement, tous ces enfants du lycée, qui était de sa classe de prépa, sont venus à l’enterrement. Y avait un monde fou, à l’enterrement !

Je l’avais vu, il m’avait amené des haricots. Ma mère en ce temps-là, nous donnait des haricots. Il était venu me voir un soir, il m’avait apporté des haricots. Parce qu’il était au lycée à côté. Et après, il était rentré chez lui avec le RER. C’est la dernière fois que je l’ai vu.

Il adorait Jacques Brel, et on a fait passer dans l’église ses disques préférés.

 Y avait un monde fou ! C’était affreux !                                                    

Je pouvais plus fêter Noël après. On avait mis des décors sur les fenêtres, tout ça. Quand j’ai gratté pour effacer tout ce noël-là… Noël 78 ; il venait d’avoir 18 ans, trois mois avant…

Et vous, quels sont vos souvenirs de Noël ?

Des bons ou des Mauvais ?

Racontez-moi vos souvenirs de fêtes en commentaire ou si vous voulez en faire un livre 👇🏽


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