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Il était une fois...les journaliers à la campagne

J’ouvre avec cet article une nouvelle catégorie de mon blog : « il était une fois ». Basé sur les récits que nos anciens me confient lors de la création de leur histoire de vie, je récolte dans le même temps des modes de vie qui sont généralisables. Je partage ainsi avec vous ce que j’apprends de la vie d’autrefois. En espérant vous y intéresser.

Les journaliers donc…

Ouvriers agricoles ou bonnes à tout faire, ils sont les petites mains des petits et grands propriétaires terriens. Ils travaillent à la journée et passent ainsi d’un emploi à l’autre.

Levé tôt le matin, avec le soleil, on part juste avec ses mains et son courage. On va tantôt dans une ferme, tantôt dans une autre. On y propose ses services, pour la journée, et on est nourri sur place le midi. La solde est faible et le travail difficile.

Lorsque l’on a de la chance, on arrive à se louer pour la saison.

L’habitude veut que les huit mois autour de l’hiver (de la Toussaint à la Saint-Jean) soient payés le même prix que les quatre mois autour de l’été où la charge de travail est plus importante (de la Saint-Jean à la Toussaint). Ce qui fonctionne pour un ouvrier agricole, qui passe de 9 heures à parfois 14 heures de travail par jour lors des moissons, semble injuste pour les employés de maison, qui ont quasiment la même charge de travail toute l’année… Mais c’est la règle.

 

Le travail commence souvent très jeune. Les enfants dont l’apport d’argent est plus important que le respect de la loi Jules Ferry, ce loue dans les fermes voisines. (Il faudra attendre les allocations pour compenser le manque à gagner pour que les enfants restent à l’école)

Dès le matin de bonne heure, l’enfant se lève pour faire ses corvées, comme pour un jour d’école. Il aide dans la maison, pour rapporter du bois, pour vider les pots de chambre, pour donner à manger aux quelques bêtes, pour habiller les petits derniers… Puis, après un petit déjeuner frugal, il va jusqu’à la ferme où il va travailler.

Emmené par un proche le premier jour s’il a de la chance, il doit vite apprendre le chemin aller-retour, pour ne pas faire perdre du temps aux autres. Il mange sur place, ce qu’on veut bien lui donner, ce qui fait une bouche de moins à nourrir pour le midi.

Il reste un moment à ce poste, puis il est mis ailleurs, là où l’appelle le travail.

Après de nombreux emplois dans les cours des fermes voisines, où il peut rentrer le soir chez sa mère, il trouve des emplois un peu plus loin où il se loue pour plusieurs jours, voire la semaine. L’enfant est alors nourrie matin, midi et soir et ramène tout de même un peu d’argent à la famille.

Puis d’emploi en emploi, les enfants grandissant, ils deviennent très vite autonomes.

ils se louent alors pour la saison.

Les enfants trouvent plus facilement du travail dès qu’ils sont en âge de quitter la maison, pour vivre chez leurs patrons. 

Faite de petits boulots en petits boulots, la vie des journaliers s’organise. Quand ils grandissent les enfants deviennent plus costauds. Ainsi ils trouvent facilement les mêmes postes d’années en années. Ce sont des travaux des champs, ou de cuisine et de lessive pour les femmes.

Et puis, quand on est habile de ses dix doigts et que l’on se montre propre et digne de confiance, on vous confie parfois des emplois de maison. On peut devenir bonne à tout faire par exemple. 

Ce sont des emplois plus stables où l’on est embauché à l’année. Il suffit de ne pas être avare de son courage et l’emploi est assuré.

Lorsqu’un journalier et une journalière se rencontrent et se courtisent il faut parfois en informer les patrons pour avoir leur accord pour l’organisation future.

Ils n’ont pas de quoi agrémenter le quotidien pour le jour du mariage, mais ça n’est pas grave. On se retrouve en famille pour un repas, avec nos vêtements du quotidien, bien propres.

Quand on est journalier on ne possède souvent rien, et il faut économiser pour s’offrir un lit pour deux. On vit chez les parents jusqu’à ce qu’on ait assez d’argent pour se louer un logement, ou se construire une maison sur le terrain des parents. Mais si on a la chance d’être en poste à l’année, on n’a pas besoin de logement personnel. Alors, on va voir l’employeur pour qu’il fournisse une chambre pour deux.

Le travail reste toujours incertain, même si à chaque saison on sait pouvoir retrouver la même place chez les mêmes employeurs. Un journalier reste donc toujours à la recherche d’un emploi avec un vrai contrat.

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