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L’humanité en héritage

Parmi les nombreux témoignages sur la Shoah, je garderais en mémoire la rencontre que j’ai pu faire lors de la présentation d’un livre par son auteur M. Elie Buzyn. C’était au printemps 2019 dans le cadre d’un week-end littéraire au mémorial de la Shoah. Je venais de récolter de nombreux ouvrages que j’allais dévorer durant l’été et j’attendais de rencontrer un auteur dont j’avais déjà croisé le récit dans un reportage.

Par ailleurs, si vous avez des témoignages poignants sur votre vie à me faire part, prenons contact.

Une fois devant lui, la salle s’est tue et nous avons tous écouté religieusement son récit. Il parlait calmement, choisissant ses mots. On sentait un profond respect pour les auditeurs que nous étions. Il nous transmettait son savoir tel un passage de relai. Il prenait soin d’être sûr que nous le tenions bien en main avant de poursuivre sa route.

Bien évidemment, je lui faisais dédicacer son livre et le remerciais pour sa transmission. Ce jour-là, j’ai acheté deux de ses livres.

« J’avais 15 ans » porte très judicieusement le sous-titre « vivre, survivre, revivre ». Il y décrit sa vie avant l’arrivée des Allemands dans la ville de Lodz en Pologne, l’assassinat de son frère sous les yeux de toute sa famille qui précéda la vie dans le ghetto. Il nous parle d’Auschwitz bien sûr. Mais aussi, il nous parle de sa difficulté à revivre et les choix qu’il a faits pour y arriver.

Nous découvrons au fil des pages une description qui, loin de tomber dans le sentimentalisme, tente de nous faire ressentir, par des images, l’indicible. Nous n’arrivons que très faiblement à percevoir, tranquillement installé dans nos foyers, ce que pouvait être cette époque. Cependant, les mots nous permettent, comme à travers une longue-vue, d’appréhender toute l’horreur qui se joue sous nos yeux.

On ne peut qu’apprécier l’homme qui se relève, en faisant de sa « victoire » sur les monstruosités nazies, un combat pour la vie. Il choisit d’aider les autres là où il n’a pas pu aider ses propres parents, et devient chirurgien.

Il raconte son passage par la Palestine, son retour en France, ses études à Oran en Algérie… On découvre un homme infatigable, dans une urgence de vivre. Un homme voulant transmettre son envie d’une autre humanité partout où il le peut. Transmettre cet héritage.

Les témoignages de ceux qui on croisé sa route à la fin de l’ouvrage sont poignants. Mais il n’a pas écrit qu’un livre, car une fois qu’il commence à témoigner son urgence lui apparaît. Et le deuxième livre est pour les générations à venir.

« Ce que je voudrais transmettre » est issu d’entretiens où il dit l’urgence de tirer les leçons de cette tache indélébile de l’humanité, ces atrocités sont notre héritage commun.

Il parle à chacun de nous et montre ce que les hommes n’ont pas retenus. Il attise notre réflexion au-delà de sa propre histoire pour tenter à son simple niveau de stopper le retour aux vieux démons.

Des livres à mettre en premier sur la liste de la recherche d’humanité.


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