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Marie, vous pensez Marie Curie ? Que nenni. Et cette Marie-là ne craint pas la comparaison. Je ne sais même pas comment vous la présenter tant il y a à dire. Mon objectif dans mes articles étant de rester concise, son histoire me met au défi et c’est peu dire. Elle a touché à tellement de sports pour lesquels elle a excellé, que rien que cette partie va être dure à résumer.

Mais commençons par le commencement. Elle est née à Aurillac en 1975, a déménagé avec sa famille à Metz puis Nancy. D’une fratrie de cinq, trois meurent en bas âge et le plus jeune, de santé fragile, mourra à peine adulte.  Elle est donc la seule à endosser les goûts et espoirs sportifs de son père, surtout après la mort prématurée de sa mère. 

À 5 ans, elle sait déjà nager 4 km. À 15 ans, elle va de Nancy à Koblenz (Allemagne) en canoë sur 400 km.

Mais comme on le sait, le sport en France ne fait pas vivre son homme et encore moins une femme, surtout à cette époque. Elle sera donc employée de maison dès 14 ans, à la mort de sa mère. Puis, avec sa licence de lettres, elle sera journaliste et romancière, remportant même le prix littéraire international à Los Angeles avec ses ouvrages « la fiancée du danger » et « ma traversée de la mer du Nord en ballon ». Plus tard, elle obtiendra le diplôme d’infirmière de la croix-rouge et fera aussi deux documentaires sur le service sanitaire qu’elle a permis de créer.

Mais revenons au sport. Je ne pourrais ni être exhaustive, ni chronologique, tant sa vie n’est faite que de cela. Alors allons-y.

Elle n’est pas autorisée à faire le Tour de France, alors elle prend le départ après les 114 hommes qui débutent la course en 1908. Elle sera à l’arrivée, comme les seuls 36 finalistes ce jour-là. Mais il faut dire que le vélo est un de ses terrains de jeu, comme la natation avec laquelle en 1906 elle est la première Française à parcourir les 12 km dans les eaux de la Seine pour traverser Paris avec 1 h d’avance sur la suivante.

Elle est aussi une des premières femmes à obtenir l’ancêtre du permis de conduire, le certificat de capacité en 1899 (la première était la duchesse d’Uzès en 1898). Ce certificat lui permettra de participer à plusieurs courses automobiles dans le Sahara.

Marie, c’est aussi une alpiniste qui gravit le Mont Blanc et d’autres sommets des Alpes, et fait même de l’escalade. Elle en profite pour découvrir d’autres sports d’hiver comme le patinage de vitesse et artistique, la luge, le saut… Et pendant deux ans, ce sont des médailles en série.

Elle fera aussi de la boxe, du karaté, du billard, du base-ball, de l’escrime et même de la spéléologie (encore la première femme), avec 17 records mondiaux pour tous ces sports.

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Agence Rol, CC0, via Wikimedia Commons

Elle profite de son époque riche en découverte pour obtenir son brevet de pilote de ballon puis d’avion (elle est la troisième femme à l’obtenir) et hydravion. Elle passe même le brevet de pilote d’hélicoptère en 1959 pour pouvoir piloter à 85 ans le premier hélicoptère à réaction du monde (le djinn). Tous ces brevets lui servent bien sûr pour accumuler prouesses et records, 17 au total. Elle est la seule femme à posséder d’ailleurs les quatre brevets.

En 1910, elle se rend aussi compte que ce nouveau mode de transport aérien pourrait permettre le transport de blessés. Mais son prototype d’avion sanitaire ne convainc pas encore.

En parallèle, elle s’est aussi mise au tir où là encore les prix honneur et les palmes viennent couronner son parcours.

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Le Miroir des Sports, Public domain, via Wikimedia Commons

Quand la première guerre mondiale commence, elle ne peut rester à la maison et tente de rejoindre le front en tant que pilote, ce qui lui est refusé. Elle y va donc comme infirmière, puis se déguise en poilu pour aller au combat. Découverte après 47 jours, elle est renvoyée chez elle. Mais elle fait appel au général Foch qui l’autorise à participer aux bombardements sur l’ennemi. Elle reçoit la croix de guerre. Elle intègre ensuite le 3ᵉ régiment de Chasseurs Alpins où elle évacue des blessés dans un avion équipé de skis, comme elle l’avait prévu dans son prototype d’avion sanitaire.

Après-guerre, elle continue de voler et de promouvoir l’aviation sanitaire. À 60 ans, elle est décorée de la légion d’honneur. Et en 1939, elle est de nouveau dans l’armée de l’air en tant qu’infirmière. Cela lui permet de fonder, en 1941, un centre de convalescence pour les aviateurs blessés, où elle aurait instauré un nouveau type de point de suture.

En 1961, à 86 ans, elle fait encore Nancy-Paris à vélo parce que c’est moins cher et que cela lui donne une activité.

En effet, elle ne roule pas sur l’or. Elle n’a pas de pension de retraite et finit dans un hospice pour indigents d’un hôpital psychiatrique près de Nancy. 

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Los Angeles Times, CC BY 4.0 , via Wikimedia Commons

Lors de sa mort en 1963, les hommages sont pourtant nombreux, entre timbres-postes et son nom sur de nombreux bâtiments.

Elle est cependant vite oubliée du public alors que ces exploits ont fait tant de fois la une des journaux (3500 articles dans une presse qui n’était pas si développée qu’aujourd’hui). On la nommait « la femme la plus extraordinaire depuis Jeanne d’Arc », « la fiancée du danger »…

Depuis 1980, un irréductible nancéien résiste à cet oubli. Il s’appelle Marcel Cordier. Il accumule les informations et documents sur cette femme. Il a regroupé une vingtaine de personnes pour former le comité international Marie Marvingt. Il a même réussi à convaincre le nouveau maire de Nancy d’écrire au président de la République Emmanuel Macron en avril 2020, pour demander sa panthéonisation, comme lui l’avait déjà demandé en 2013. Affaire à suivre…

Parmi les ressources, j’attire votre attention sur la dernière, dans laquelle quelques voix dissonantes semblent douter de certaines parties de son histoire. Je vous laisse vous faire votre opinion. Quant à moi, même avec ces zones de doutes, je trouve tout de même cette femme extraordinaire, ces médailles et honneurs en sont selon moi une preuve.

https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2021-07-01/qui-est-marie-marvingt-la-seule-femme-a-avoir-couru-le-tour-de-france-0cdedbff-7982-46ea-bab7-90b8086be764

https://www.histoire-pour-tous.fr/histoire-de-france/5083-marie-marvingt-une-femme-extraordinaire-au-xixe.html

https://histoireparlesfemmes.com/2016/02/22/marie-marvingt-la-fiancee-du-danger/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_Marvingt

https://www.lejdd.fr/Societe/aviatrice-alpiniste-soldate-resistante-entre-verite-et-affabulation-marie-marvingt-lheroine-oubliee-4100646

 Une biographie existe :

Marie Marvingt, la femme d’un siècle de Rosalie Maggio

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Image de couverture : Agence Rol, CC0, via Wikimedia Commons

Ne craignez pas la comparaison, car toute histoire recèle ses richesses. Alors si vous voulez, vous aussi écrire votre histoire… Contactez-moi, que nous en parlions !

Catégories : Challenge AZ

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